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La technique du « Flou-sur-Fixe » n’est pas un simple bougé,
ni un effet accidentel.

C’est une véritable technique de prise de vue photographique « one-shot » (pure, sans la moindre retouche, sans montage ni superposition), procédé que j’ai choisi de développer à ma façon dans l’idée du geste unique et de l’instant unique pour mieux faire cohabiter poésie et magie avec spontanéité.
Il ne s’agit pas d’un simple bougé qui, dans ce cas, donnerait un flou uniforme et plat sur toute l’image !  (Exemples ci-contre où des zones floues s’étirent en côtoyant des formes nettes et droites)

COMMENT ?
« Tout se fait et tout se passe » exclusivement lors du quart de seconde de la prise de vue, nécessitant un geste aussi exercé que celui du calligraphe.
Comme pour une calligraphie qui ne peut être retouchée, cette technique impose maîtrise du geste et démarche prédéfinie.
Contrairement à de simples effets accidentels qui ne pourraient être renouvelés, la technique peut être mise au service d’une démarche authentique.

J’ai affiné cet outil à ma façon pour qu’il soit « invitation » et « facilitateur » à dépasser la vision au premier degré. Pour nous emmener facilement au-delà du visible, en résonance avec l’imaginaire de chacun, jusqu’à « la Rêverie éveillée » du philosophe-poète Gaston Bachelard ou, plus loin encore, pour côtoyer la culture animiste du Rêve.

« Le FIXE » est proche de la netteté.
C’est ici notre ancrage, point d’appui nécessaire et magistralement maîtrisé dans les cultures animistes par le chamane pour rendre possible un départ vers le Rêve, sans folie ni égarement.
(Tel, le point qui reçoit et soutient la pointe du compas permet la Construction)

C’est pourquoi j’ai voulu que le fixe, (le précis), se mêle au flou, de la même façon que le réel est présent dans « la Rêverie éveillée ».

« Le FLOU » qui l’accompagne permet d’entrer dans l’image, d’y cheminer librement puisqu’il n’a pas de limites définies.
Il induit l’impermanence de l’objet, de l’instant et invite à plus de profondeur, à l’introspection.

( Sex 1 )
Ici, les arbres sont des personnages, tels des esprits
que l’on peut sentir nous frôler, qui font parfois peur puis nous rassurent, comme dans les contes de fées pour enfants.

Nous pouvons surprendre l’étreinte de deux arbres en plein élan amoureux …

Ainsi, nous accédons aux secrets de la forêt, de la même façon que pouvaient le faire nos lointains ancêtres et aujourd’hui auprès des cultures animistes que nous rejoignons, un instant dans le « monde d’à côté », en partageant leurs émotions.

Plus loin, dans leur élan, les camions nous font pressentir ce qui va suivre…
A nous de choisir l’instant et les conséquences qui seront ce que « la rêverie éveillée » saura nous inventer.

 

 

Si le « Flou-sur-Fixe » est l’outil de l’impermanence, son usage premier est bien de faciliter notre vision au delà des apparences !
Comme le montrent ces « tombes-boites » de béton, qui ne restent pas figées dans une idée de « fin ordinaire », mais irradient, tel un feu d’artifice, pour présager une renaissance.

Mais, pour que la Poésie d’une photo trouve toute sa place,
il nous faut oublier la technique
et lâcher l’intellectualisation.

dsc_7946nbDominique Perreau